Particularismes de l’agriculture

Le durable doit commencer par une meilleure compréhension de l’agriculture. Nous ne devons pas oublier ce qu’elle est :

L’agriculture doit être protégée, car c’est l’exception absolue. C’est l’économie la plus proche de nos origines. Sur de nombreux points, elle s’apparente à la vie. Nous ne pouvons pas ignorer ces particularismes.

L’agriculture renferme des principes qui vont bien au-delà des marchandises qu’elle met en vente sur le marché. L’agriculture est impliquée dans la santé des Hommes, la beauté du paysage, l’écologie, la protection des catastrophes naturelles, le tourisme, nos meilleurs et plus beaux plaisirs qui vont de la table à toutes nos randonnées, la ruralité, la qualité de l’eau, le climat, notre patrimoine, nos racines et notre histoire, comme les plus belles histoires des enfants à venir

Paysans, il est temps de vous tourner vers d’autres responsables pour régler vos problèmes, car vos prétendus amis en sont souvent la cause.  Un paysan tous les deux jours se suicide en France. 284 000 paysans indiens se sont suicidés entre 1995 et 2012. (dixit Vandana Shiva) beaucoup se sont même donné la mort en buvant les pesticides qu’on leur avait vendus.

Sur les 550 millions d’exploitations dans le monde, nous avons 500 millions d’exploitations familiales avec une surface cultivable en dessous de 1,2 hectare. C’est le premier employeur du monde qui fournit aussi 80 % de notre alimentation. Avec eux, nous touchons à deux choses parmi les plus importantes l’emploi et l’alimentation.

Rabelais nous enseignait il y a bientôt 500 ans que : la science sans conscience n’est que ruine de l’âme.

L’agriculture est l’activité économique qui est certainement la plus proche de l’écologie et de l’humanisme. Est-elle compatible avec cette tendance qui propose des usines à la place des fermes ? Je vous laisse juges.

Mais avant de répondre rappelez-vous, ces 500 millions de paysans, c’est avec la main d’œuvre induite plus de 2 milliards d’emplois et 80 % du meilleur de notre alimentation, les 20 % restant sont produits par une agriculture industrielle.

L’agriculture n’est pas seulement l’affaire des paysans, c’est l’affaire de tous. Ne pas la soutenir équivaut à abandonner l’essentiel, la qualité et la beauté de la vie. Notre avenir et notre bonheur sont au plus près de ces paysans et de leur savoir-faire !

En face que voyons-nous ? 

Certains cerveaux travaillent sur une meilleure planification pour un maximum de gains. Mais ces énormes profits ne profiteront qu’à un minimum de personnes. Nous pouvons même imaginer une agriculture internationalisée pour échapper au maximum aux impôts. C’est le rêve d’un très petit nombre soutenu par de puissantes organisations agro-chimico-financières.

Dans le passé nous avons connu ce genre de rêve, avec une agriculture planifiée qui a tourné au cauchemar ! Combien de guerres faudra-t-il encore pour que nous organisions un peu mieux notre avenir ?

Posons-nous ces questions.

  • Que deviendront ces 500 millions d’exploitations familiales qui embauchent environ 2 milliards d’individus si nous comptons l’épouse un ou deux enfants ou ouvriers par exploitation en plus de l’exploitant lui-même, et là je ne parle même pas des emplois induits. En Afrique nous avons réalisé plusieurs expériences concrètes qui confirment ces dires.
  • Faudra-t-il les remplacer par un prolétariat international, pour produire de la mauvaise alimentation dans ces nouvelles usines ? Nous le voyons déjà dans différents pays avec les migrants qui sont souvent traités pire que des esclaves (Sachons ouvrir les yeux)
  • Ou faudra-t-il embaucher 500 millions de fonctionnaires supplémentaires pour les soutenir et réparer les dommages collatéraux que feront sur notre Terre toutes ces usines ?
  • Nous avons aussi le choix d’en faire soit des esclaves ou des soldats pour Daech, boko haram ou toutes sortes d’organisations terroristes.

Nous refusons de considérer la Terre comme une marchandise, un simple outil, un support pour produire et nourrir les Hommes. Beaucoup de civilisations ont un lien sacré avec la Terre. Mondialiser le sacré comme une simple marchandise, ceci ne relève pas seulement du sacrilège, mais c’est un acte suicidaire pour nous tous. Dans la constitution, au lieu de mettre par exemple le droit au logement, qui est une proposition à l’efficacité plus que douteuse ; nous pourrions mettre par exemple comme certains pays l’ont fait, le devoir de préserver l’environnement. Il faut nous battre pour imposer cette obligation. Tous les citoyens ne peuvent que s’en porter mieux. Arrêtons avec toujours plus de droits, pour une fois pensons à nos devoirs, à nos enfants et à l’avenir de la société.

L’agriculture a aussi des particularismes, comme un besoin immense de main-d’œuvre, elle ne peut pas se délocaliser, elle doit se comprendre et se gérer essentiellement avec des notions de proximité, de respect, de coopération, de solidarité et une multitude d’autres valeurs indispensables qui sont des principes de base incontournables pour mettre en place une société durable, possible et humaniste, que j’appelle une économie de précaution, avant qu’elle ne devienne pérenne.

Arrêtons cette course folle à la science et à la finance sans conscience qui sont les deux principaux chemins qui nous conduisent à la guerre ; car elle n’enrichit qu’une poignée d’Hommes en appauvrissant la majorité des autres.

Ne pas comprendre cela c’est se mettre au rang des valets de ces milliardaires sans conscience qui appauvrissent de plus en plus d’Hommes et en particulier les paysans qui viendront grossir la horde des laissés pour compte et fabriquer des Hommes déséquilibrés, qui en fin de compte coûteront très cher à la société à cause des maladies, chômages, toutes les mauvaises actions menées par ces laissés pour compte.

Il y a une loi au-dessus de toutes les lois et qui est vieille comme le monde, celle « des causes et des effets ». Nul ne peut la contourner !

Nous avons plus besoin de fraternité de collaboration que des règles rigides et aveugles du marché. Partout, les économies planifiées ont échoué dans le monde. La mondialisation, qui est basée en grande partie sur la théorie économique des anticipations rationnelles (qui est une autre forme de planification) n’échappera pas non plus à cette règle. Mêmes causes, mêmes effets.