Le durable de l’illusion

 Il y a le dire

  • Dire c’est le domaine de la pensée. C’est affirmer ou confirmer son savoir, c’est souvent le début. Le dire c’est la connaissancethéorique.Les diseurs,sont tous ceux qui manipulent ou jonglent essentiellement avec des abstractions. Nous les trouvons chez les intellectuels, les chercheurs, les professeurs, les journalistes, les philosophes, les politiques… Les diseurs sont les maîtres incontestés de la théorie. C’est aussi le côtésubjectifdes choses. Le dire à une parenté autant avec la réalité que l’illusion.

 Puis il y a le faire

  • Faire cest le domaine des mains et du cœur. Il appartient majoritairement aux entrepreneurs, ingénieurs et paysans… Tous ces faiseurs savent donner corps à la théorie. Ils possèdent mieux que quiconque l’art de la Dans le faire, nous sommes au plus près del’objectivité.

Difficultés entre le dire et le faire

 Un jour Einstein, confronté à cette différence ironisait à son sujet.« La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : rien ne fonctionne … et personne ne sait pourquoi ! »

 Cette réflexion d’Einstein, au-delà de l’humour, nous interpelle. Pourquoi y a-t-il tant de choses qui ne marchent pas comme nous pourrions l’espérer ?

Nos sociétés sont de plus en plus complexes et chaque jour nous continuons à les compliquer un peu plus avec des lois, des inventions, des normes et des règlements.  Nous sommes submergés par le trop et la vitesse. Même les sages sont devenus dépressifs.

A la recherche des faux équilibres.  

Il y a peu encore, nous n’avions d’yeux que pour ces merveilleuses découvertes. Nous ne nous posions aucune question. Ce que disaient « les savants » ne pouvait pas être contesté. En cœur nous applaudissions. La science était notre nouveau Dieu.  Peu importe les petits problèmes que nous rencontrions, nous étions certains de les régler en leur temps. Mais un jour, un philosophe comptable eut l’idée de se pencher sur le compte d’exploitation. Il annonça que globalement chaque fois que nous réglions un problème, deux ou trois autres surgissaient.

Qu’importe, les Hommes empruntaient et en tirant des traites sur l’avenir, comptablement, nous retombions sur nos pieds. Cependant les plus sages étaient inquiets. Pour les rassurer on réveilla le mensonge, le vrai, pas les petits mensonges du quotidien qui n’étaient que les fils, mais le père celui qui était monté aux cieux des illusions.

On lui demanda de reprendre du service. Il nous prouva combien il était encore habile. Il multiplia les statistiques pour nous prouver combien nous étions sur la voie du progrès et que le bonheur étendait de plus en plus son royaume. Le peuple enfin rassuré se rendormit. Les responsables eux aussi retrouvèrent le sommeil ; de toute façon lorsque le mensonge soporifique n’agirait plus, il leur resterait les guerres pour anéantir tous leurs ennemis tous ces boucs émissaires que nous chasserons pour sauvegarder notre sommeil et nos illusions.